La tradition se perd: c’est désormais à Gerpinnes que se déroule la criée, Wépion n’est plus qu’une boite aux lettres
Dans quelques semaines selon les plus optimistes – voire deux ou trois mois en fonction de la météo – on verra arriver sur les étals les premières fraises de Wépion. Sauf que certains producteurs de fraises ont un goût amer en bouche: la criée de Wépion n’a plus lieu à Wépion. On se souvient que, suite à des difficultés financières, le bâtiment historique a été vendu il y a deux ans à la brasserie de l’Échasse qui produit notamment La Houppe.
Si le siège social de la criée de Wépion se trouve toujours au même endroit, la pesée et l’emballage se font en Hainaut. Sur place, le matériel nécessaire a disparu. Comme le point de vente devant la bâtiment. Même si certains continuent de vendre leurs fraises produites dans des champs à Wépion sur le territoire de la commune.
Car la traditionnelle criée, qui attirait autrefois bon nombre de visiteurs, ne se tient plus à Wépion. C’est à Gerpinnes, autre haut lieu du fruit divin, mais toujours sous le label fraises de Wépion, que les fruits sont pesés et emballés pour bénéficier du titre. Les appréciations sont diverses sur cet état de fait.
Les uns estiment qu’il n’y a rien à redire puisque le cahier de charges n’a pas changé donc la qualité des fruits non plus. D’ailleurs, cela fait un moment que les fraises vendues dans les raviers fraises de Wépion proviennent d’un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres à partir du moment où elles respectent les conditions.
Les autres estiment que le consommateur est floué ou râlent parce qu’ils doivent faire 40 km aller et 40 km retour pour faire bénéficier leurs fraises de l’appellation alors qu’ils devaient juste monter sur les hauteurs wépionnaises auparavant. Mais surtout, les descendants des cultivateurs de la grande époque regrettent qu’un pan de cette fierté namuroise et de cette culture se dilue. Ils ne désespèrent pas d’obtenir une indication géographique protégée.
M. V.