À Carpentras, les producteurs sont au bout du rouleau.
Dans le sud de la France, à Carpentras en particulier, la fraise est une véritable institution. Mais, avec les températures clémentes rencontrées ces dernières semaines, la production est arrivée à maturité plus tôt que prévu et se retrouve en étroite concurrence sur les marchés avec les fraises espagnoles.
“Dans l’ordre normal des choses, les productions françaises et espagnoles s’enchaînent naturellement mais là, cette année, ça se percute et cela devient très agressif sur les étals. On avait eu une accalmie ces deux dernières années, mais, là, j’ai l’impression que les producteurs espagnols arrivent très fort”, analyse André Bernard, président de la Chambre régionale d’agriculture dans les colonnes de nos confrères de La Provence.
Et pourles producteurs, confrontés à des coûts de main-d’œuvre beaucoup plus élevés que de l’autre côté de la frontière, c’est la soupe à la grimace. Alors que la fraise espagnole se négocie sur le marché de gros à 80 cents le kilo, ils doivent, eux, débourser 1 € au minimum pour la cueillette.
“Si rien ne bouge dans les prochains jours, je devrai jeter la moitié de ma récolte”, s’indigne cette productrice. “On a l’impression de vendre nos fraises à des prix de fin de saison alors qu’on est uniquement au début. Il faut que les grandes surfaces mettent en avant notre production.”
Les producteurs sont à bout et craignent d’essuyer des pertes signifiant la fin de leur exploitation. En Belgique, la qualité permet encore de faire la différence mais les producteurs n’écartent pas pour autant la menace espagnole. « Le jour où ils parviendront à produire des fraises de la même qualité que les nôtres et qu’ils trouveront le moyen de les conserver 10 jours au frigo, nous aussi, nous serons morts! »
Les producteurs français dénoncent aussi les marges que s’octroie la grande distribution française. Là où elle se contente de 20 cents sur la fraise espagnole, elle monte jusqu’à 4 € pour la production locale. Du coup, le consommateur attentif à son budget l’est beaucoup moins à la provenance des barquettes de fraises qu’il place dans son caddie…
V. S.