Test-Achats demande que leur utilisation soit limitée, les sels de nitrite n’empêchant pas le botulisme, au contraire de ce que tend à prouver l’industrie de la viande.
Un rapport commandé par l’association britannique de la viande transformée a récemment fuité. Par ce rapport, l’industrie de la viande comptait prouver l’utilité de l’ajout de nitrites dans la charcuterie pour limiter la prolifération de micro-organismes nuisibles, en particulier Clostridium botulinum, la bactérie responsable du botulisme, qui peut se révéler potentiellement mortelle. Or, les chercheurs parviendraient à la conclusion opposée : les résultats montrent qu’il n’y a pas de changement dans les niveaux de C. botulinum lorsque l’on n’ajoute pas de nitrites.
Test-Achats demande donc à l’industrie de limiter l’utilisation des sels de nitrites et nitrate, dont l’effet est aussi de donner aux jambons leur belle couleur rosée. On peut les reconnaître sur l’étiquette sous les numéros E249 à E252.
“Non seulement le nitrite ne permettrait pas d’éradiquer le botulisme mais il contribue à la formation d’un groupe de composés appelés nitrosamines. En 2015, le CIRC a classé la viande transformée dans la catégorie des aliments présentant un risque cancérigène pour l’homme, la formation de nitrosamines cancérigènes constituant un facteur contributif à ce risque. Dans son avis rendu en 2017, l’EFSA considère quant à elle que, l’exposition aux nitrites et nitrates, toutes sources alimentaires confondues, est susceptible de dépasser la dose journalière acceptable pour toutes les catégories d’âge. Sur base de cet avis, la Commission européenne a décidé de revoir les seuils autorisés pour ces additifs”, souligne Test-Achats.
L’organisation de défense des consommateurs appelle donc la Commission européenne à baisser le niveau des seuils autorisés et rappelle à la Commission le principe de précaution cher à l’Europe et qui doit veiller à la protection de la santé publique de tous les consommateurs européens. “La Belgique n’est cependant pas tenue d’attendre que la Commission ait finalisé son travail. Bon élève de la classe, le Danemark dispose déjà de règles plus strictes que le reste de l’Europe concernant les seuils de nitrites pouvant être utilisés dans le bacon, le jambon, le saucisson, etc. Un exemple à suivre ?”
Appel aux fabricants
Par ailleurs, l’organisation appelle les fabricants à une démarche volontaire de limitation de cet additif douteux. “Une étude technique commanditée par la DG Santé a montré que les industriels savent en partie se passer des nitrites, ou du moins les utiliser dans des quantités moindres.”
À l’occasion d’un test réalisé sur les jambons début 2018, l’organisation de consommateurs avait constaté que les promesses “sans nitrite ajouté” sonnaient creux. “Deux jambons de l’échantillon se présentant comme tels sur leur emballage contenaient tout de même des faibles quantités de nitrite. Aubel grillé contenait autant de nitrite qu’un jambon moyen. Alors que le jambon cuit à la broche d’Aoste en contenait la moitié. Certains produits qui ajoutent bel et bien du nitrite, se retrouvent en fin de compte avec une teneur en nitrite moins élevée. Les fabricants utilisent des extraits de plantes riches en nitrite ou des levures qui produisent du nitrite pour obtenir quand même l’effet du nitrite sans devoir le signaler sur l’étiquette. Une pratique inacceptable signalée par Test-Achats à l’AFSCA. Les consommateurs peuvent par contre s’orienter vers le label Magistral qui utilise des critères plus stricts concernant la présence de sels de nitrite et nitrate.”
Test-Achats demande dès lors aux fabricants de réellement jouer le jeu, et de ne pas utiliser des arguments de vente vides de sens et trompeurs pour le consommateur.
V. S.