C’est l’une des conséquences inédites de l’inquiétude entourant les négociations sur le Brexit. En cas de « no deal », les exportations vers la Grande-Bretagne risquent d’en prendre… un coup!
Depuis quelques mois, et alors que la date du 29 mars approche à grands pas, les marchands de vins anglais stokkent des millions de litres de vins afin de parer à la demande en cas de « no deal ». En effet, sans accords négociés, les formalités et les exportations vers la Grande-Bretagne pourraient être fortement affectées et même causer une pénurie de vins en provenance de l’Union européenne. 99% des vins consommés en Grande-Bretagne sont en effet importés et 55% en droite ligne des partenaires européens, France en tête.
Majestic Wine, le plus important marchand de vin du pays avec ses 200 boutiques, a déjà stocké pour 5 à 8 millions de livres (entre 6 et 9 millions d’euros) de vin avant la fin de l’année « afin d’atténuer toute rupture potentielle de la chaîne de ravitaillement due au Brexit en mars 2019. »
Cette somme représente plusieurs millions de bouteilles de vin.
Jean-Marie Barillère, le président du Comité Européen des Entreprises du Vin, préconise lui aussi aux producteurs d’envoyer un maximum de vins vers le Royaume-Uni, pour parer à toute éventualité. C’est également la recommandation de l’Association anglaise du commerce des vins et spiritueux (WSTA), qui préconise depuis un an à ses adhérents d’augmenter leurs commandes de 20 % en cas de « no deal ».
Sans accord, le Brexit nécessiterait la mise en place de nouveaux documents d’importation entre l’Union Européenne et le Royaume Uni. « 500.000 nouveaux formulaires, tous accompagnés de tests en laboratoire, seraient nécessaires pour maintenir le flux de vins venant d’Europe », estime l’association anglaise. A raison de 23 € par formulaire et d’un test en laboratoire facturé 385 €, la WSTA estime que cette nouvelle procédure coûterait 81 millions d’euros à la filière.