La chaîne de magasins bio Sequoia pousse un coup de gueule contre ce système “imparfait et trop simpliste”.
Lancé en Belgique depuis le mois d’avril 2019, le Nutri-Score commence à rentrer dans les mœurs. Indice calculant la valeur nutritionnelle d’un aliment avec une cote allant de A à E, il sert à mieux cibler ses achats et à avoir une idée de la qualité de ce que nous achetons en supermarché. Une bonne idée soutenue notamment par Test Achats, qui voudrait le rendre obligatoire dans toute l’Europe.
Reste que le Nutri-Score n’a pas que des amis. Sur la page Facebook de la chaîne de magasins bio Sequoia, le directeur marketing du groupe, Laurent Verheylesonne, s’est laissé aller à un coup de gueule. Pour lui, le Nutri-Score est loin d’être la référence en matière d’alimentation saine. “Depuis plusieurs mois, nombreux sont les clients qui s’étonnent que nous n’utilisons pas le Nutri-Score, comme dans certains supermarchés, explique-t-il. Nous voulions mettre les choses au point et donner notre avis, car notre métier, c’est la santé, et Sequoia n’existe qu’à travers ça.”
Et, dans cet ordre d’idée, Laurent Verheylesonne a décrypté à sa manière le Nutri-Score. “En théorie, c’est génial et cela pourrait nous servir aussi. Mais dans la pratique, on retrouve des choses choquantes dans les produits classés A ou B, comme des frites ou du Coca Zéro. En fait, la Nutri-Score ne prend absolument pas en compte les additifs ou les édulcorants dans sa classification. Un soda light sera donc mieux coté qu’un jus de fruits pressés car il contient moins de sucre !”
Il y a effectivement de quoi s’étonner. “Le Nutri-Score est très imparfait, beaucoup trop simpliste et ne donne que l’illusion d’un bon choix. Pour coter un produit, il faut utiliser tous les paramètres. Aujourd’hui, on entend les grandes marques parler sans arrêt de produits sains, mais la composition laisse encore à désirer. On remplace le sucre ou les graisses par d’autres produits horribles que le Nutri-Score ne prend pas en compte.”
Des manquements qui ont selon lui un effet pervers. “Les gens sont pressés quand ils font leurs courses et ils se disent qu’en voyant un score A ou B ils vont bien manger. Il faut absolument garder un esprit critique. Je ne veux pas jeter le bébé avec l’eau du bain ou être dogmatique car l’idée du Nutri-Score est très bonne, mais il faut l’améliorer pour la rendre vraiment efficace.”
Un argumentaire ponctué de plusieurs exemples. “Il y a l’exemple connu des frites surgelées qui sont cotées A car le Nutri-Score ne tient pas compte de la méthode de cuisson. Une fois les frites passées dans la friteuse, le A ne compte plus du tout. Je pense aussi à l’huile d’olive, qui est classée D car le Nutri-Score ne se base que sur un échantillon de 100 grammes pour établir sa note. Mais on ne consomme jamais 100 grammes d’huile d’olive d’un coup et ce produit peut être bénéfique s’il est bien utilisé. On parle aussi des quantités de sucre dans un produit. Pour eux, un gramme de sucre blanc raffiné, c’est la même chose qu’un gramme de miel. Or, tous les sucres ne sont pas assimilés de la même manière par le corps. Il ne faut pas s’en tenir à la diététique pure, mais réfléchir au niveau d’une alimentation globale.”
Finalement, il vaudrait mieux “digérer l’information qu’on nous donne. Ce serait une erreur de trop se fier au Nutri-Score”, conclut Laurent Verheylesonne.
Thibaut Van Hoof