De nombreux industriels revoient la composition de leurs produits sous la pression de Yuka et compagnie.
Manger mieux : c’est le cœur de la stratégie de la grande distribution, toutes enseignes confondues. C’est aussi une réelle volonté des consommateurs, désireux de maîtriser le contenu de leur assiette, de l’équilibrer et d’en bannir tant que faire se peut les substances ayant un impact néfaste sur leur santé : sel, graisse, sucre et autres additifs en tête.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que des applications permettant d’analyser la composition des produits ont un tel succès. La plus populaire, Yuka, a déjà été téléchargée plus de 400 000 fois en Belgique. Et, en dehors de nos frontières, son succès est tout aussi remarquable. En France, pas plus tard qu’hier, Yuka et l’ONG Foodwatch et la Ligue contre le cancer ont interpellé la ministre de la Santé française pour réclamer l’interdiction des sels de nitrites dans l’alimentation du fait de leur rôle dans l’apparition de certains cancers digestifs. Le centre de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (Circ) a classé en 2010 ces substances comme « cancérogènes probables » chez l’homme.
Les nitrites sont largement utilisés dans la transformation de la viande et les charcuteries, permettant de donner cette couleur rose au jambon et facilitant sa conservation.
Le fonctionnement de Yuka est simple. Chaque produit est coté en fonction du Nutriscore (60 % de la note), de la présence d’additifs considérés comme dangereux (30 %) et du fait que le produit est bio ou non.
Au final, si la note est mauvaise, Yuka propose des alternatives plus saines. En cas de mauvaise note, un utilisateur sur 3 opterait d’ailleurs pour un autre produit.
Un engouement que ne peuvent ignorer les industriels de l’agroalimentaire, qui sont nombreux à reformuler leurs produits afin qu’ils obtiennent de meilleures notes.
Dans la grande distribution aussi, effet Yuka ou pas, on s’attelle à reformuler chaque année. À ce jour, près de 5 000 produits de marque propre ont déjà été reformulés chez Delhaize, ce qui a permis, par exemple, de supprimer 300 tonnes de sel dans les chips, 12 tonnes de graisses dans les plats préparés, 130 tonnes de sucre dans les softs drinks…