Sa culture en est à ses balbutiements. Des initiatives sont lancées. Le potentiel existe. Avec cependant des interrogations.
“Le soja, il faut le dire, ce n’est pas très sexy. Pourtant, son potentiel est énorme. Pour le consommateur et pour la terre.” Stefaan Deraeve, patron de La vie est belle, enseigne spécialisée dans la production de produits végétariens, sait de quoi il parle. L’homme est l’un des instaurateurs d’un nouveau projet mettant à l’honneur le soja. Avec une caractéristique importante : il est belge.
Aux côtés de Simon Colembie, agriculteur bio et des institutions scientifiques flamandes Inagro et ILVO, Stefaan Deraeve propose aux consommateurs des produits inédits sur le marché : des burgers et des garnitures à base de soja bio made in Belgium. Ils sont commercialisés par Bio-Planet, l’enseigne bio du groupe Colruyt.
Le projet a été lancé il y a deux ans seulement. Il faut dire que le produit en est à ses débuts comme l’explique Jo Ghilain, Business unit Manager de Bio-Planet. “Cette culture se fait encore à petite échelle et s’apparente vraiment à un travail de pionnier”.
Stefaan Devaere préfère parler d’une phase d’expérimentation. “Nous sommes en train de nous adapter, de travailler sur différents paramètres. Cela demande du temps. De nombreux défis sont à relever” précise le dirigeant de La vie est belle.
Parmi ses défis, le climat. “L’été est plutôt court en Belgique. Or, le soja a besoin de chaleur pour se développer. La période de production est donc relativement brève” constate Jo Ghilain. Pour l’instant, la Belgique importe du soja provenant du Canada, de France, d’Italie mais aussi d’Europe de l’Est.
De jeunes agriculteurs souhaitent inverser la tendance, comme Simon Colembie, basé à Kruishoutem, en Flandre-Orientale. Depuis un an, il s’est spécialisé dans le soja biologique, une exception en Belgique. En 2018, il en a semé un hectare et récolté 2,5 tonnes. C’est à partir de ses plantes que les nouveaux burgers et garnitures ont été produits.
Le jeune homme est content de son année, à une exception près : les animaux. “Pendant la croissance du soja, des dégâts sont causés par les pigeons ou les corbeaux. Quand le soja est en feuille, c’est aux lièvres qu’il faut faire attention !”. À cela s’ajoute le danger des mauvaises herbes. “Le soja est bio, il faut un contrôle important des mauvaises herbes, encore plus que dans une culture classique. Il nécessite plus de travail, plus d’investissements, mais au final, la qualité est dans l’assiette”.
AUDREY MORARD