Fabrizio Bucella s’est livré au grand comparatif des champagnes de la grande distribution.
Dans la grande distribution, le champagne premier prix est un produit d’appel, flirtant parfois avec les 10 € à peine. Et si le champagne souffre d’une concurrence de plus en plus rude des cavas et proseccos, il s’en écoule encore d’énormes quantités durant les fêtes de fin d’année. Chez Colruyt, on nous confirme ainsi multiplier les volumes de vente par 10 en cette période. Fidèle à sa politique, l’enseigne garantit les prix les plus bas et commercialise la Comtesse de Gramont entre 9,99 et 13,99 €, suivant l’offre de la concurrence.
Chez Lidl, le Comte de Senneval (13,99 €) est lui aussi en tête de gondole pour doper les ventes. « Nous vendons presque 75 % de notre volume annuel de champagne durant les fêtes », souligne Julien Wathieu, porte-parole du smartdiscounter. « L’augmentation des ventes s’explique en grande partie par la réduction des prix sur notre valeur sûre, le Comte de Senneval. En promo, il est vendu à 9,99 €, ce qui en fait un excellent rapport qualité-prix. »
Chez Delhaize, le Meiter reste l’entrée de gamme cette année encore, au prix de 17,99 €, soit bien plus cher que la concurrence, même s’il a lui aussi été en promotion à 9,99 € il y a quelques semaines. Quant à Carrefour, c’est le Marquis de Marmontel qui a, cette année encore, été choisi comme premier prix (10,99 €). Lors de notre test, nous avons dû nous rendre dans plusieurs grandes surfaces pour le dénicher. Certains hypermarchés étaient déjà en rupture de stock il y a une semaine, et n’attendaient pas de réapprovisionnement. L’an dernier, Carrefour en a vendu 20 000 bouteilles.
Chez Aldi, c’est le Veuve Durant, un champagne présent toute l’année en rayon, qui est une fois de plus mis en avant (13,99 €). « De plus, il fait partie de notre nouvelle campagne ALDI Battles. Par le biais de tests de dégustation à l’aveugle, des consommateurs l’ont comparé à Piper Heidsieck et Laurent-Perrier. Les tests ont démontré que notre champagne brut ‘Veuve Durand’ a été autant apprécié que la grande marque. Mais moins cher naturellement », indique Jason Sevestre, responsable communication chez Aldi.
Au final, que valent réellement ces champagnes premier prix ? Nous les avons fait déguster à Fabrizio Bucella, sommelier et directeur de l’école Inter Wine&Dine (IWD). Verdict…
N° 1 Colruyt : Comtesse de Gramont
“C’est un champagne qui présente un beau bullage, une bulle intense et persistante. Comme tous les champagnes premier prix, sa robe est, sans surprise, cristalline. Au niveau du nez, on sent une belle intensité, avec des arômes d’agrumes, de violette et un côté un peu floral. Au final, on distingue aussi des notes de fumé, de grillé… À la dégustation, c’est une réelle et belle surprise. Il dégage une belle longueur en bouche, une certaine complexité et une petite sucrosité. C’est un beau produit, très épicé. À ce prix-là, c’est une très belle réussite. Il se démarque clairement des autres champagnes premier prix.”
N° 2 Lidl : Comte de Senneval
“Sa robe est plus claire que ses concurrents, mais il est tout aussi cristallin. Il se distingue par un véritable train de bulles et un col de mousse que peinent à obtenir les autres champagnes. Il offre, tout comme la Comtesse de Gramont, un très beau nez, porté sur les agrumes, à la limite de l’orange amère. Il est légèrement floral aussi, avec quelques notes de pain brioché. En bouche, il est très intense et persistant. Ce champagne présente aussi une belle acidité en finale et un retour amer qui contrebalance parfaitement son côté plus sucré.”
N° 3 Delhaize : Meiter
“Au service, c’est un champagne cristallin, à la bulle intense et persistante. En revanche, au nez, on ne distingue pas grand-chose, tout au plus peut-on deviner un côté vin cuit. À la dégustation, il se révèle cependant agréable et démontre une belle réalisation même s’il se termine sur une sucrosité peut-être un peu trop prononcée.”
N° 4 Aldi : Veuve Durand
“Les bulles sont certes présentes et persistantes, mais moins intenses que dans les champagnes qui le devancent au classement. Son nez est prononcé, se rapprochant en intensité de celui du champagne de Colruyt même s’il n’en a pas toute la complexité. On ressent des arômes de fruits et, en retrait, des notes florales. À la dégustation, il se révèle très acide et court en bouche. L’acidité l’emporte beaucoup trop.”
N°5 Carrefour : Marquis de Marmontel
“Si sa bulle est fine et persistante et sa robe cristalline sans réel défaut, il présente un nez trop discret. Il est très légèrement fruité et ne dégage pas de réel arôme. En bouche, il se révèle fort court également avec une finale sur l’amertume qui ne plaira peut-être pas à tout le monde.”