Un pays qui, malgré la richesse de ses vins, n’arrive pas à la montrer à la face du monde.
Les 3 et 4 mars s’est tenue à Athènes la 25e édition du salon Oenorama consacré exclusivement aux vins grecs. Les 200 exposants originaires de toutes les régions viticoles de Grèce ont présenté des vins modernes, résolument contemporains élaborés avec des cépages millénaires autochtones si particuliers.
Lorsque l’on veut résumer la viticulture grecque, le mot contraste vient directement à l’esprit. Un pays contradictoire qui, malgré la richesse de ses vins, n’arrive pas à la montrer à la face du monde.
La Grèce est un des plus anciens producteurs de vin du monde et pourtant une visite des vignobles et des caves montre une approche moderne de la viticulture qui a connu une véritable révolution durant ces 20 dernières années.
Les aides aux infrastructures de l’Union européenne y ont contribué mais c’est surtout l’émergence de jeunes œnologues qui ont quitté le domaine familial pour étudier l’œnologie dans les plus prestigieuses universités de France ou des États-Unis.
De retour au pays, ils ont eu la sagesse d’appliquer les techniques modernes de conduite de la vigne et d’œnologie en préservant la particularité des vins grecs dont le secret s’explique par la multiplicité des cépages autochtones.
Malheureusement, Assyrtiko, Moschofilera, Argiorgitiko ou Xinomavro, les noms des principaux cépages, sont pour nous très difficiles à prononcer et encore plus à mémoriser. Mais en aucun cas cette barrière phonétique ne peut freiner notre curiosité pour des cépages qui sortent des sentiers battus.
Chaque jour, on mesure de plus en plus d’intérêt des amateurs pour des vins qui se démarquent des traditionnels Cabernets sauvignon et autres Chardonnay.
La Grèce est pour ses découvreurs un immense terrain de jeu. On regrette aussi que cette viticulture insulaire et intravertie exporte moins de 20 % de sa production. De plus, la surface viticole (110.000 ha.) relativement réduite, comparée aux grands producteurs de vin, explique les faibles quantités de vins grecs disponibles pour l’exportation. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la récente crise économique a incité les producteurs grecs à exporter davantage.
Tout sur la retsina
L’image que nous avons de la retsina en Belgique n’est pas glorieuse. Pas étonnant, car ce que l’on nous propose dans les restaurants grecs n’est qu’une pâle imitation de ce que l’on peut trouver en Grèce.
L’origine de la retsina remonte à la nuit des temps lorsque pour éviter l’oxydation des vins, le couvercle des amphores était scellé avec de la résine de sapin. Le goût de pin s’est naturellement propagé au vin et les consommateurs grecs se sont peu à peu habitués à cette saveur particulière.
Par la suite, la résine de pin était utilisée surtout pour ses qualités anti-oxydantes qui garantissaient une meilleure conservation du vin.
Actuellement, la retsina est produite sur l’ensemble du territoire grec, principalement à base des cépages Assyrtiko et de Moschofilera.
Aujourd’hui, lors de la fermentation, on ajoute toujours de la résine de pin au moût qui absorbe ses arômes particuliers. Le secret d’une bonne retsina réside dans le choix de la résine. Son caractère et sa qualité dépendent du type de pin, de son exposition, de son altitude, de l’époque de récolte et du côté du tronc d’où elle est récoltée.
On devrait plutôt parler d’appellation contrôlée pour les pins plutôt que pour les vins. Il faut également replacer la consommation de la retsina dans le contexte de la culture gastronomique de la Grèce.
Contrairement à la culture française qui associe un vin avec un plat, ici on mélange différentes saveurs sur le même plat. Le fameux mezze contient à la fois du fromage, de la salade, des tomates, des olives, du tarama, des calamars, etc. Impossible de créer une harmonie entre un seul vin et tous les éléments du plat. La solution est donc de jouer sur les contrastes, un rôle que peut assumer la retsina.
Toujours servie dans de petits verres, chaque gorgée permet de se laver le palais entre deux saveurs différentes.
Baudouin Havaux