S’il est une année de grand champagne, c’est bien 2008 ! Régis Camus, le plus récompensé des chefs de cave nous explique pourquoi avec à la main, un verre de Rare 2008.
Dans le monde du vin et du champagne plus particulièrement, il y a une année qui restera gravée dans les mémoires des Champenois, des professionnels et des amateurs de grands champagnes : c’est l’année 2008.
Pourquoi ? Et qu’ont en plus les millésimes des grandes maisons qui ont construit un assemblage autour des grappes récoltées à la fin de l’été 2008 ? On avait déjà eu un bon aperçu de la réponse avec Taittinger qui avait commercialisé son Comtes de champagne, grand cru Blanc de Blancs 2008 au début de l’automne 2020 : finesse des bulles, légèreté empreinte de puissance dans la longueur font de ce vin un must que les spécialistes n’ont pas laissé passer. Le Tattinger Grand Cru 2008 saura vieillir « merveilleusement » et a un rapport qualité prix « excellent ». > A la découverte d’une bouteille d’exception : le Comtes de Champagne Blanc de Blancs 2008
En cet été qui a des airs de « libération », voici qu’arrive Rare cuvée 2008, un champagne 1er Cru AOP composé à 70% de chardonnay et 30% de pinot noir. Rare, c’est le nom des vins millésimés de Piper Heidsieck qui est désormais devenue une marque autonome mais qui peut toujours compter sur Régis Camus, le chef de cave fidèle à la maison depuis qu’il a travaillé dans le champagne.
Un vin tendu, salin, exceptionnellement long en bouche
Le plus récompensé des chefs de cave du siècle, l’élégant et avenant Régis Camus, qui désormais se consacre exclusivement à Rare Champagne nous en a parlé un verre à la main pour expliquer avec un langage clair la genèse de ce champagne millésimé et surtout il a raconté avec passion ce que l’on peut en ressentir à la dégustation.
La météo. « On ne peut pas parler de vin sans parler de météo. En 2007/2008, l’hiver a été très clément avec beaucoup d’eau et un printemps très pluvieux. L’été, lui a été très frais avec des épisodes caniculaires mais globalement, il a été frais. En fait, les températures de l’année 2008 ont été plus basses que la moyenne décennale. Alors qu’en 2006, grand millésime également, la température a été plus élevée que la moyenne décennale, ce qui a contribué à donner un vin solaire, chaleureux ».
Le mot. « Pour chaque millésime, je cherche l’histoire et j’associe un mot, le mot le plus juste, plutôt que dire : un cru exceptionnel, un joli millésime, un somptueux champagne. En 2006, c’était solaire. En 2008, il fallait trouver quelque chose qui parle de ce vin très tendu, avec un chardonnay tonique, à la grande vitalité, avec une grande fraîcheur et un pinot noir bien structuré et fruité. Mais ce qui fait sa particularité, c’est sa très longue durée de vie, c’est un vrai vin de garde. Son mot s’est imposé à moi, c’est infini ».
La dégustation. « C’est un champagne très brillant, aux reflets verts dus au chardonnay, ce vin va avoir 13 ans mais il a une couleur de jeunesse ! La bulle est l’effervescence sont très fines, ce qui permet de transporter la fraîcheur du vin dans le palais. Au palais d’ailleurs, il est floral, ensuite arrivé le fruit et là, on retrouve la signature des Rare : ces arômes exotiques : l’ananas frais coupé, le fruit de la passion, un peu de noix de coco, une pointe de vanille même et j’y retrouve moi le croquant et le juteux d’une poire Williams.
En bouche, il a une attaque franche, ciblée, nette, intense et surtout il dégage cette notion inexplicable de pureté. Si vous le dégustez à nouveau 1/4 d’h après, le vin en réchauffant va donner sa complexité, son intensité, l’inverse du 2006 !
La particularité. Le Rare 2008 est un vin qui a beaucoup de minéralité. Certains parlent de salinité, c’est ce côté iodé d’un petit matin au bord de la mer. On le retrouve dans l’ADN des millésimes Rare mais là, c’est très présent. Et c’est ce qui donne une élégance et beaucoup de longueur en bouche.
L’apogée. Les vins de 2008 sont des vins de garde, mais on dit que 2008 est le millésime du siècle. Quand sera-il à son optimum ? Je ne peux pas répondre à cela parce que d’une part, le vin évolue avec le temps et d’autre part, cela dépend de comment vous l’aimez vous ! Aujourd’hui, l’image que j’ai du Rare 2008 c’est que c’est un vin encore très jeune, très frais, à boire avec des amis, c’est un vin post-pandémie parfait ! Sur le site de Rare, on explique qu’il est « magistral jusqu’en 2050, ensuite incomparable ».
Accords mets-vins. Soit, on le sert en parfaite harmonie ou en totale opposition : avec un dessert, il peut être pas mal du tout. Sinon je dirais avec une entrée aux langoustines, suivi d’un petit poisson grillé et d’un ananas caramélisé en dessert, il va s’exprimer de très belle façon.