Le produceur luxembourgeois Bernard-Massard fête ses 100 ans en 2021. Ses vins effervescents ont toujours séduit les Belges
Pops ! Même s’il est préférable dans la version sonore et en trois dimensions, vous aurez reconnu le bruit caractéristique lorsque vous faites sauter le bouchon d’un vin effervescent comme on dit. Si le champagne conserve de nombreux adeptes, l’entreprise luxembourgeoise (avec quelques petits actionnaires belges) Bernard-Massard tire plutôt bien son épingle du jeu. Avec ses 38 hectares de vignes disséminés sur 42 kilomètres le long de la Moselle, il produit 3.500.000 de bouteilles de vin pétillant par an. La moitié part à l’export et les clients belges en sont friands depuis des années et fidèles.
» Je n’ai pas peur de le dire : la clientèle noir-jaune-rouge nous a bien soutenus lors du premier confinement. Cela nous a permis de limiter la casse mais l’avenir proche nous stresse un peu « , affirme Antoine Clasen, le directeur général dont l’arrière-arrière-grand père a investi il y a près d’un siècle (le centenaire est en 1921 avec, en principe, des festivités mais aussi une cuvée du centenaire en préparation).
Parce que les trois derniers mois de l’année représentent 40% du chiffre d’affaires annuel. La multiplication des fêtes, les dîners entre amis, les pots au bureau, repas de famille : autant de moments de réjouissance que la Covid risque bien de mettre au placard.
» Septembre n’est pas très bon, octobre non plus. Il faut bien reconnaître que l’ambiance générale n’est pas la fête. Or, nos produits accompagnent traditionnellement des moments joyeux et conviviaux. Durant la crise, nous avons cependant remarqué que les gens ont monté en gamme. Ils veulent se faire plaisir. Nos produits ne sont pas les meilleurs marchés mais pas impayables non plus. Ils sont prêts à mettre deux ou trois euros de plus par bouteille pour la qualité. »
Qui plus est les vins effervescents ne constituent pas une denrée périssable. Si Bernard-Massard possède des stocks, ils sont gérables dit-il. Les vins actuellement sur le marché sont issus de trois récoltes : 2018 (80%), 2017 (10%) et 2016 (10%).
» Notre méthode est identique à celle utilisée en Champagne (récolte en septembre/octobre, fermentation, cuvée et seconde fermentation en bouteille) mais nous sommes contraints de l’appeler » traditionnelle ». Nos vins vieillissent dans les caves au mininum 18 mois. Comme tous les effervescents, nous mélangeons différents types de raisins mais aussi d’années. Les clients ont une exigence : celle de retrouver un goût unifié d’année en année. Contrairement aux vins. »
Outre les bulles qui ont une excellente réputation en Belgique, Bernard-Massard produit également du Riesling (près de 500.000 bouteilles par an). Quid des vendanges version 2020 ?
» Une année très chaud. Un jour de pluie entre mars et septembre. Les quantités sont plutôt moyenne mais nous avons démarrer plus tôt pour garder de la fraîcheur. »
Avant de faire vraiment sauter les bouchons, une petite anecdote historique. IL faut bien écrire Bernard-Massard avec un tiret entre les deux noms. Car le créateur des caves en 1921, a profité de son expérience champenoise et l’après-guerre pour mettre en valeur les vins luxembourgeois. Mais il s’appelait » simplement » Jean Bernard. Il a épousé une madame Massard qu’il a accolé à son nom pour faire plus smart. N’ayant pas les fonds, il a dû faire appel à des investisseurs dont la famille d’Antoine Clasen, dont la cinquième génération est largement majoritaire.
Santé et, malgré la morosité ambiante, faites-vous plaisir.
Jean-Marc Ghéraille