C’est une tradition saisonnière. Les foires aux vins battent leur plein dans la plupart des supermarchés et les grandes surfaces. Après une année où les caves débordent de bouteilles (les exportations ont subi un solide coup d’arrêt à cause du Covid), le consommateur rêve de faire de bonnes affaires, de dénicher le Bourgogne qui tue ou le Bordeaux pas trop cher. Méfiance…
Même s’il n’est pas impossible de trouver son bonheur, ôtez-vous l’idée de la tête que vous allez découvrir la perle rare. L’objectif numéro 1 de ce rendez-vous annuel, c’est de vendre, de vendre beaucoup. Donc de faire du volume, pas forcément de mettre en avant le petit producteur qui se niche au cœur d’un vignoble inconnu.
Il est même hautement improbable de faire de réelles découvertes. Il s’agit plutôt de faire le plein de millésimes plutôt jeunes, que vous pourrez donc conserver à votre gré (ou consommer directement…).
- Eviter de se laisser influencer
Il y a d’abord les promos à tire-larigot. Un magnum à l’achat de X bouteilles, – X % si vous achetez 12 ou 24 bouteilles (même dépareillées). C’est un plan marketing pour vous pousser à acheter de grandes quantités et pas forcément ce dont vous avez besoin.
Dans cet ordre d’idées, méfiez-vous des colorettes qui ornent les bouteilles avec des mentions qui paraissent attractives mais qui n’ont aucune valeur : les « coup de cœur des sommeliers » ou encore les « sélections des œnologues ». C’est du pipeau total. Préférez les références issues des guides « officiels » comme Hachette, la Revue des Vins de France ou encore Bettane et Desseauve.
Idem pour les médailles qui n’ont rien d’olympiques. La plupart des concours, à l’exception de celui de Bruxelles (si, si), ne misent pas sur des pros mais sur des amateurs et parfois même des novices.
- Attention aux prix…trop bas
Ce n’est pas neuf mais nous vous le répétons une nouvelle fois : un bon vin ne peut pas se vendre à moins de 5 euros. Si de nombreuses grandes surfaces vous en proposent et quasiment dans toutes les couleurs et toutes les régions viticoles, ce ne sont pas à 99% des vins de vignerons. Certes, ils sont produits par des vignerons mais pas sur leur propre appellation. C’est ce qu’on appelle des vins de négoce ou de marques.
Donc un petit prix n’est pas synonyme de bonne affaire d’autant que de tels vins sont souvent neutres au goût, sans relief et en fait sans réel intérêt. L’objectif est clair : vendre du volume et faire rentrer du cash dans la trésorerie. Ce qui permet de voir (un peu) venir pour les « vrais » vins.
A contrario, il est rarissime de réaliser une bonne affaire dans les foires aux vins avec de grands crus. Les grands noms n’ont pas besoin de figurer dans de telles actions de promo. Si des grandes surfaces en mettent en rayon, c’est pour la galerie et les prix ne seront pas revus à la baisse.
Nos conseils : allez-y mais sans de grandes attentes, idéalement en ayant pointé l’une ou l’autre occasion que vous visez, tentez de pouvoir goûter et faites-vous plaisir. Les « affaires » se font dans les vins de milieu de gamme style les crus bourgeois en Bordeaux avec de jeunes millésimes. Sinon, préférez les conseils et les vins d’un caviste professionnel. Santé à toutes les amatrices et amateurs de vins.
Jean-Marc Ghéraille
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