Dans le quartier de l’îlot sacré au cœur de la capitale où pullulent les pièges à touristes, voici une adresse sympa, pas cher et qui sent bon la Belgique. Un concept qui fait fureur à Paris
Nous l’avons déjà dit et nous le répétons volontiers : dans un contexte post Covid et dans un quartier de l’îlot sacré où les attrape-touristes ont malheureusement grignoté les bonnes adresses, il fallait avoir du courage et de la foi pour ouvrir un nouvel établissement. Mais Alexandre (Masson) et Douglas (Dugagjin Spahia), qui ont une solide expérience dans l’Horeca, l’ont fait. En lieu et place de l’historique Scheltema, historique qui a péricilité au fil des années pour finalement s’éteindre.
Avec un concept novateur dans notre capitale mais qui a fait ses preuves et continue à faire des petits à Paris: le bouillon. A la fois simple à savoir proposer une cuisine populaire, goûteuse et non pompeuse à la saveur bien belge. Et difficile car, ici, les prix défient toute concurrence. Des entrées à partir de 4.2 euros, des plats à partir à moins de 10 euros. Qui dit mieux ?
Après une ouverture en décembre dernier, n’ayons pas peur de dire que le pari est réussi. Parce que c’est bon. Parce que l’addition n’est pas salée (aspect non négligeable dans une époque où il faut parfois compter ses sous…). Parce que l’atmosphère ne déroge pas à la tradition du bouillon : sans chichis, avec le sourire, des tables où les discussions sont animées et où les verres s’entrechoquent. Parce que ce type d’endroit réconcilie Bruxelles avec sa réputation culinaire (qui a malheureusement piqué du nez ces dernières années) et ne cherche pas à plumer les touristes. Le bouche-à-oreille semble d’ailleurs plutôt bien fonctionner. Lors de notre passage à l’occasion d’ une belle soirée ensoleillée d’été (vous pouvez profiter de quelques tables en terrasse dans la rue totalement piétonne mais elles sont très prisées), nous avons entendons parler espagnol, anglais et évidemment français avec ce délicieux accent qui sent bon les Marolles.
Rafraîchi, le décor n’a pas cédé au modernisme forcené. Il a conservé les belles boiseries, les miroirs d’antan, des serviettes bordées en tissu, les banquettes d’époque tout en illuminant les espaces. Notamment en affichant une grande eet belle cuisine ouverte où les clients peuvent profiter du travail en cuisine.
A la carte ? Du Belge. Non peut-être. Des plats qui sonnent comme des madeleines de Proust, des souvenirs d’enfance. Qui dit Bruxelles, dit œuf mayonnaise, potkeis (fromage blanc avec fromage de Bruxelles et gueuze), poireaux à la vinaigrette (photo ci-dessous) ou encore la (belle) terrine de campagne.
En plat, même topo avec les moules (c’est évidemment de saison) qui garnissaient de nombreuses tables mais aussi la cassolette ostendaise, les boulets liégeois ou le célèbre potjesvleesch aux quatre viandes que nous avons testé, goûté et approuvé (photo ci-dessous).
En dessert, nous avons suivi le conseil (avisé…) de la serveuse. Oui, l’ile flottante était à tuer.
Commment font-ils pour que l’addition ne provoque pas une crise cardiaque ? Le choix des matières premières, des accords privilégiés avec des fournisseurs fidèles mais aussi la quantité dans l’assiette. La casserole de moules pèse 600 grammes. Les portions sont (un rien) moindres ce qui n’empêche pas d’être rassasié mais qui élimine une bonne partie du gaspillage. De même le pain (par ailleurs excellent) est à la demande et payant. Idem pour les garnitures (chicons braisés, carottes vichy,…).
Stop, nous avons oublié de vous parler de la cave. Et de cette idée lumineuse de proposer des bières pour accompagner le repas. Bavik, Dupont et le lambic de chez Boon servi à la cruche. Si vous êtes des amateurs de vins, no stress. Cinq blancs et cinq rouge sont dispos.
L’été au Bouillon Bruxelles ne sera pas triste. Ni dans les assiettes, ni dans cette ambiance qui fait renaître l’esprit de Bruxelles.
Bouillon Bruxelles
Rue des Dominicains 7/9
1000 Bruxelles
02.512.20.85
www.bouillonbruxelles.com
Jean-Marc Ghéraille